Cette œuvre transpose dans l’art conceptuel une fameuse expérience virtuelle de physique quantique imaginée par Schrödinger en 1935. Je me suis permis d’apporter quelques modifications à l’expérience pour la rendre plus intéressante d’un point de vue esthétique.
A la place de la chambre, du compteur Geiger et du tout petit peu de substance radioactive, vous trouverez une centrale nucléaire avec des fuites possibles et inimaginables ! Dans la fiole au milieu observez du vin ou du vinaigre (incertitude jusqu’à l’ouverture). Pour démarrer l’expérience, appuyez sur l’interrupteur à droite et vous verrez alors les particules des deux flèches se transformer en ondes ainsi que la fiole devenir lumineuse (rayonnement gamma, bien sur). Le chat est alors mort ET vivant ! Appuyez de nouveau pour faire l’observation directe et obtenir, non pas 2 résultats (0,1 : comme le suppose Schrödinger), mais tout une gamme entre 100% vivant avec les deux flèches vers le haut, 50/50 ce qui représente une « non observation » (ou une expérience infructueuse), et enfin, lorsque les flèches sont vers le bas, la triste mort de notre pauvre chat. Psychologiquement certains observateurs (surtout des enfants) sont traumatisés par ce dernier résultat et demandent alors à renouveler l’expérience immédiatement…
Le texte ci dessous rapporte l’expérience imaginaire de ce physicien allemand :
Un chat est installé dans une chambre en acier, avec le dispositif suivant (qui doit être protégé contre l’ingérence directe par le chat): dans un compteur Geiger il y a un tout petit peu de substance radioactive, si petit, que peut-être dans le cadre de une heure l’un des atomes se désintègre, mais aussi, avec une probabilité égale, peut-être aucun; si cela arrive, les tubes du compteur se déchargent et grâce à un relais activent un marteau qui brise une petite fiole d’acide cyanhydrique. Si on a laissé tout ce système à lui-même pour une heure, on peut dire que le chat vit encore, si pendant ce temps la aucun atome ne s’est désintégré. La psi-fonction de l’ensemble du système serait d’exprimer cela en ayant le chat vivant et mort (pardonnez l’expression) mixés ou mélangés en parties égales. Il est typique dans ce genre de cas que l’indétermination, initialement restreinte au domaine atomique, se transforme en indétermination macroscopique, qui peut alors être résolu par l’observation directe. Cela nous empêche de naïvement accepter comme valide un « modèle flou» pour représenter la réalité. En soi, il ne serait pas imprécis ou contradictoires. Il y a une différence entre une photo flou hors focus et un cliché de nuages ou de brouillard.
Erwin Schrödinger, « Die gegenwärtige Situation in der Quantenmechanik »,
Naturwissenschaften 23: pp.807-812; 823-828; 844-849 (1935).
Traduction par O.Moreau à partir de la version Anglaise
Le plus intéressant d’un point de vue artistique est cette extrait : « Cela nous empêche de naïvement accepter comme valide un « modèle flou» pour représenter la réalité. »
Schrodïnger semble poursuivre la philosophie de Platon : l’art en tant que modèle flou est perturbant car il déforme la réalité externe. Mais d’ou leur viennent donc cette certitude ?
Suivez ce lien pour lire un bon texte de vulgarisation sur cette expérience de physique quantique
Suivez ce lien pour une explication encore plus vulgarisée : http://desencyclopedie.wikia.com/wiki/Chat_de_Schr%C3%B6dinger