Cette exposition réunit à la Bibliothèque Schœlcher, du 18 au 30 novembre 2011, 15 plasticiens vivant en Martinique. Au travers de leurs pratiques artistiques variées (dessin, peinture, sculpture, photographie, installation, nouvelles technologies), ils s’approprient un thème d’actualité, celui des catastrophes naturelles. Leurs œuvres et leurs postures interrogent de diverses manières les dimensions philosophique, psychologique et culturelle, et élaborent un concept artistique perceptible sous divers angles. Le terme catastrophe (du grec kata : vers le bas et strophê : tour) désigne un évènement soudain, intense, d’origine naturelle ou lié aux activités humaines, qui a des conséquences désastreuses. Imprévisible, surgissant d’en dessous et bouleversant le cours des choses, la puissance de son énergie, nous propulse dans le réel d’une expérience cathartique, et son impact nous affecte en réveillant les peurs archaïques liées à notre précarité biologique et à nos incertitudes ontologiques. Au cœur de la catastrophe, il nous est difficile de la considérer autrement qu’un phénomène de destruction. Pourtant, son action modifie la surface du globe, et sous-tend le façonnement permanent et le foisonnement des mondes, nous faisant percevoir la continuité de la création toujours inachevée.De tout temps, des artistes ont exprimé cette impuissance face aux forces de la nature. Des illustrations de récits des mythes et légendes ont tenté d’exorciser l’arrogance humaine. Dans la peinture romantique de John Martin, William Blake ou Turner, les tempêtes représentent et expriment la vulnérabilité de l’être, ses émotions et sentiments. Le désastre généré par la catastrophe provoque un nouvel ordre des choses et des valeurs à réorganiser. Là réside le processus créateur inhérent à la catastrophe.
Dans cet évènement artistique, nulle mise en scène spectaculaire, propre à créer l’effroi. Les artistes tentent d’exprimer de manière singulière, les effets divers qui pourraient nous affecter au corps, ou nous ébranler l’esprit. Par l’imaginaire, on entre dans des mondes disjoints voire disparates, qui à l’image du monde, coexistent dans ce lieu d’exposition. Les artistes occupent librement l’espace intérieur de la Bibliothèque Schœlcher en accord avec le sens de leurs œuvres. Entrée, centre, lieux de passage, verrière, colonnes, coursives, sont investis et invitent le spectateur à porter un nouveau regard sur l’architecture de Le Picq et aussi, sur le fond documentaire et iconographique de la Bibliothèque dont certaines images ont été prélevées, et intégrées dans des œuvres.Cette exposition sur les catastrophes, nous permet d’instaurer une nouvelle réflexion afin de mettre en œuvre, ensemble, les moyens d’en atténuer les effets désastreux. Depuis trop longtemps, l’homme défie la planète, croyant pouvoir avoir le dessus sur la nature. Cependant, l’histoire le fit mentir très souvent, et le fera mentir encore.
Marie GAUTHIER
Le Lamentin, Novembre 2011
Au milieu des Catastrophes !
La catastrophe est intimement liée à l’homme. C’est en effet le référentiel humain qui trans-forme les phénomènes naturels exceptionnels en « catastrophes ». L’homme peut aussi produire une catastrophe : ce qu’on appelle communément la “bêtise humaine”. Dans l’idée d’établir ce lien, Olivier Moreau représente sur un fond noir, huit manifestations violentes de la nature. Pour leur donner le sens de catastrophe, le spectateur est invité à rejoindre la pièce centrale de l’œuvre : un trou, dans lequel il pourra projeter sa propre vision du terme.