Après mûre réflexion dans mon hamac, je m’engage sur ces trois objectifs :
1) Susciter des émotions positives.
Longtemps la psychologie s’est limitée à étudier les comportements négatifs des malades mentaux, mais aujourd’hui l’influence des émotions positives est considérée comme essentielle pour le développement personnel par des chercheurs comme Barbara Fredrickson. C’est du bon sens, mais cela vaut toujours la peine de le rappeler : la vie est belle et il faut en profiter.
En tant qu’artiste je ne suis pas là pour vous faire pleurer, vous rendre anxieux ou triste. Au contraire ! Je veux que mes œuvres suscitent amusement, émerveillement, admiration ou interrogation. Qu’elles transmettent autant de plaisirs que j’ai à les réaliser. Grâce à elle ma créativité s’épanouie et je me sens bien !
Depuis les expressionnistes, l’art ne rime pas toujours avec la beauté. Il existe apparemment une « esthétique du laid » ou du moins une perception glauque de la réalité. Cette manière de voir, très pessimiste, ne me sied pas. Je préfère de loin les cannons classiques et la recherche du beau dans le quotidien. Certes il n’est pas toujours évident de réaliser une œuvre qui attire l’œil par sa grâce mais au moins j’essaye…
2) Offrir une alternative au système productiviste.
Nous passons beaucoup (trop) de temps à travailler et avons renoncé au « droit à la paresse ». Malgré une augmentation spectaculaire de la productivité grâce aux machines, nous continuons à travailler la majorité de notre temps. Et notre travail consiste à produire de plus en plus de produits éphémères et souvent inutiles que nous devons ensuite consommer précipitamment durant les weekends et les vacances. Tout cela a été décris par Paul Lafargue (gendre de Karl Marx) dan son ouvrage « Droit à la paresse » paru en 1880 mais rien n’a vraiment changé depuis (si ce n’est les problèmes écologiques).
Le « travail » de l’artiste est bien différent de celui de l’ouvrier ou du banquier. Il s’agit avant tout de recherche et de création et non pas de répétition fastidieuses de mouvements ou de processus. Une œuvre d’art est un produit unique et original qui ne sort pas d’une chaine de montage industrielle. Nous devrions passer plus de temps à faire de l’art ou être au contact des artistes (plasticiens, musiciens, comédiens, cuisiniers, etc..) plutôt que de travailler plus pour “gagner” plus (de gadgets inutiles et de tracas).
3) Recadrer par la dérision les dérives contemporaines
Faut-il le préciser ? Nous ne vivons pas chez les Bisounours et tout ne vas pas bien dans le meilleur des mondes. J’ai donc aussi un engagement de protestation par rapport à certaines dérives du système ! Pour respecter mon premier objectif,cette critique se fera par la dérision et l’humour (noir parfois).
Enfin il est important d’essayer de recadrer globalement le marché de l’Art ainsi que le spectacle des Artistes qui s’adonnent à des « performances » et qui sont plus omnibulés par leur image que par celles qu’ils devraient créer. Wharhol a fait beaucoup d’émules et malheureusement bien peu se souviennent de l’analyse de Guy Debord dans « La société du Spectacle » .
Le spectacle est le capital à un tel degré d’accumulation qu’il devient image.